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Analyse biomécanique de la course en trail running : pourquoi et comment ?

Le trail running (course sur sentier) connaît un engouement toujours plus grand. Ses parcours en pleine nature, souvent vallonnés et techniques, attirent des coureurs de tous niveaux. Mais cet environnement exigeant peut également solliciter fortement le corps et accroître le risque de blessure. Dans ce contexte, réaliser une analyse biomécanique de la foulée permet de mieux comprendre et d’optimiser sa technique de course, tout en prévenant les problèmes musculo-squelettiques. Cet article explique en quoi consiste cette analyse, pourquoi elle est particulièrement importante en trail running et comment la mettre en pratique grâce, entre autres, à des dispositifs vidéo et des capteurs iKinesis.

 

1. Qu’est-ce que l’analyse biomécanique de la course ?

La biomécanique est la discipline qui étudie les mouvements et les forces en jeu dans le corps humain. Appliquée à la course à pied, elle permet de :

  • Observer la foulée et ses composantes : attaque du pied (talon, médio-pied, avant-pied), position du buste, alignement des articulations (genou, cheville, hanche), etc.
  • Mesurer des paramètres clés : la cadence (nombre de pas par minute), le temps de contact au sol, l’amplitude et la symétrie des foulées, l’oscillation verticale (le « rebond »), et la répartition des forces lors de l’impact.
  • Détecter des déséquilibres ou anomalies : asymétries de mouvement, sursollicitation d’un côté ou d’une articulation, surutilisation de certains muscles.

Grâce à des analyses vidéo et à des capteurs comme les capteurs iKinesis, il est possible de collecter des données précises sur la foulée en dynamique. Ces informations permettent ensuite d’identifier les points forts et faibles de la technique de course.

Analyse du traileur
Analyse d un traileur

 

2. Pourquoi est-ce particulièrement important en trail running ?

Le trail se distingue de la course sur route par :

  1. Des terrains variés : chemins forestiers, sentiers de montagne, passages rocheux, surfaces glissantes…
  2. Des dénivelés importants : montées exigeantes, descentes parfois très pentues.
  3. Des changements de rythme et de direction : chaque foulée peut être différente en fonction du terrain.

Ces spécificités entraînent des contraintes supplémentaires sur les muscles et les articulations : quadriceps, mollets, pieds, chevilles et genoux sont particulièrement sollicités.

  • En montée, l’effort se concentre sur le renforcement des muscles du mollet et des cuisses, avec un travail cardio plus marqué.
  • En descente, les contraintes d’impact augmentent et demandent un important contrôle musculaire pour amortir et stabiliser.

Une analyse biomécanique devient alors un atout majeur pour prévenir les blessures (tendinites, entorses, périostite, syndrome de l’essuie-glace…) et pour gagner en efficacité sur des parcours irréguliers.

 

3. Les bénéfices d’une analyse biomécanique

3.1 Optimisation de la performance

  • Économie de course : En détectant les axes d’amélioration (comme le réglage de la cadence, la position du buste ou l’attaque du pied), on peut réduire la dépense énergétique pour une même vitesse (Saunders et al., Sports Medicine, 2004).
  • Réduction de la fatigue : Une technique mieux maîtrisée répartit la charge de travail sur différents groupes musculaires et diminue le stress articulaire. En trail, cette optimisation est cruciale pour les efforts de longue durée.

3.2 Prévention des blessures

  • Diminution des chocs et microtraumatismes : Les capteurs iKinesis, combinés à l’analyse vidéo, peuvent repérer un excès d’impact ou de rotation anormale ou mal controlée d’une articulation. Ajuster la foulée (attaque du médio-pied ou gestion de la cadence) peut réduire le risque de pathologies de surmenage (Milner et al., Medicine & Science in Sports & Exercise, 2006).
  • Identification des déséquilibres : Des asymétries de longueur de foulée, de temps de contact au sol ou de placement du pied sont parfois imperceptibles à l’œil nu mais peuvent, à terme, favoriser les tendinites ou d’autres blessures (Van Gent et al., British Journal of Sports Medicine, 2007).

 

 

3.3 Aide au retour après blessure

Pour ceux qui reprennent la course après une blessure, une analyse précise permet de :

  • Déceler les facteurs aggravants (attaque du pied trop en avant, mauvaise posture en descente, etc.).
  • Corriger la technique au fur et à mesure de la rééducation, en adaptant la foulée et le volume d’entraînement pour limiter les récidives (Taunton et al., British Journal of Sports Medicine, 2003).

 

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4. Comment se déroule une analyse biomécanique ?

 

4.1 Recueil d’informations préalables

Avant d’utiliser les capteurs et la vidéo, on réalise généralement :

  • Un entretien sur les habitudes d’entraînement, l’historique sportif, les éventuelles blessures passées.
  • Un examen fonctionnel pour situer le niveau physique global.

 

4.2 Enregistrement vidéo et mesures iKinesis

Ensuite, place à la pratique !

  • Analyse vidéo : Filmage à différentes vitesses si besoin (course lente, allure moyenne, allure rapide) et sur des pentes variables (montées).
  • Capteurs iKinesis : Ces capteurs inertiels se placent sur le coureur (généralement au niveau des chaussures) et collectent de nombreuses données en temps réel (accélérations, angles, temps de contact, oscillation verticale, etc.). Ils offrent une vision objective et quantifiable des forces et de la cinématique de course.

4.3 Interprétation et plan d’action

Une fois les données récoltées :

  1. Analyse des points forts et axes d’amélioration : détection d’un éventuel vice biomécanique, d’une asymétrie de poussée, d’un temps de contact au sol trop long.
  2. Conclusions et recommandations : ajustement de la technique (attaque du pied, posture, cadence), proposition d’exercices de renforcement ou de proprioception, conseils sur la progressivité de l’entraînement.
  3. Suivi et réévaluation : en trail, les conditions varient (nouveaux parcours, dénivelés différents), il peut donc être utile de faire un suivi régulier pour adapter ces réglages au fur et à mesure.

    adaptation foulée
    Adaptation de la foulée

5.Exemples d’ajustements fréquents

  1. Augmenter légèrement la cadence : Passer d’environ 160 à 170-180 pas/min peut réduire la force d’impact à chaque foulée (en raccourcissant la phase d’oscillation).
  2. Améliorer l’attaque du pied : Un impact trop marqué sur le talon, notamment en descente, peut générer des contraintes sur le genou. Passer à une attaque médio-pied peut aider à mieux répartir les charges, on peut aussi changer d’attaque en cours de course pour modifier les sollicitations.
  3. Travailler la posture : En trail, incliner légèrement le buste dans les montées, maîtriser l’ouverture de la foulée en descente, et maintenir un engagement du tronc (gainage) pour limiter les mouvements parasites et améliorer le core.
  4. Renforcement et proprioception : Équilibrer la force entre quadriceps et ischio-jambiers, renforcer les stabilisateurs de la cheville, réaliser des exercices sur surfaces et surtout terrains instables pour améliorer la capacité d’adaptation du pied.Kinesport - Prévention | Leadeur Français de la prévention des blessures dans le milieu sportif !

6. Conclusion

L’analyse biomécanique de la course en trail running, combinant l’enregistrement vidéo et l’utilisation de capteurs comme les iKinesis, constitue un atout majeur pour quiconque souhaite courir plus efficacement et en meilleure sécurité. Les spécificités du trail (variations de terrain, dénivelés, changements de rythme) rendent cet examen encore plus pertinent, afin de réduire les risques de blessure et d’optimiser la performance.

Qu’on soit coureur occasionnel ou compétiteur aguerri, se pencher sur sa foulée et s’appuyer sur les outils modernes de mesure (capteurs inertiels, application mobile, vidéo) offre une connaissance approfondie de ses points forts et de ses faiblesses. Il devient alors possible de progresser en adoptant des gestes et des entraînements mieux ciblés. Le trail reste exigeant, mais des ajustements adéquats peuvent faire la différence sur la durée, en confort, en vitesse et en prévention des blessures.

7. Références scientifiques clés

  • Saunders et al. (2004). Sports Medicine : Impact de la biomécanique sur l’économie de course et stratégies d’optimisation.
  • Milner et al. (2006). Medicine & Science in Sports & Exercise : Effets des forces d’impact dans la survenue de blessures de surmenage chez les coureurs.
  • Van Gent et al. (2007). British Journal of Sports Medicine : Facteurs biomécaniques contribuant aux blessures des coureurs de fond.
  • Taunton et al. (2003). British Journal of Sports Medicine : Intérêt de la prévention et de l’analyse du mouvement pour la rééducation et la reprise sportive.

Ces travaux soulignent à quel point la technique et la dynamique de course sont déterminantes, en particulier sur des terrains accidentés comme le trail.