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Introduction

L’entorse de cheville est la blessure traumatique la plus fréquente dans le sport. Elle représente jusqu’à 40 % des traumatismes sportifs (Fong et al., 2007) et survient dans tous les sports impliquant course, sauts et changements de direction : football, basketball, handball, rugby, trail running, etc.

La majorité des entorses concernent le ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) lors d’un mouvement en inversion forcée du pied. Si elle est souvent banalisée par les sportifs, une entorse mal soignée peut avoir des conséquences lourdes : instabilité chronique, récidives, douleurs persistantes, perte de performance.

Pour le kinésithérapeute, la prise en charge est centrale : il doit évaluer précisément la gravité, initier un traitement adapté, assurer la prévention des récidives et guider le retour au sport. Cet article propose une synthèse complète basée sur les preuves scientifiques et les recommandations internationales, en détaillant les causes, le diagnostic, la rééducation et les protocoles de prévention des entorses de cheville.


Définition et classification des entorses de cheville

Anatomie concernée

La stabilité latérale de la cheville est assurée par trois ligaments principaux :

  • Ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) – le plus souvent lésé.
  • Ligament calcanéo-fibulaire (LCF).
  • Ligament talo-fibulaire postérieur (LTFP).

Classification clinique

  • Entorse bénigne (grade I) : étirement ligamentaire, douleur modérée, pas d’instabilité.
  • Entorse moyenne (grade II) : rupture partielle, œdème, instabilité fonctionnelle.
  • Entorse grave (grade III) : rupture complète, laxité importante, parfois associée à une fracture.

Entorse haute (syndesmose tibio-fibulaire)

Plus rare mais fréquente dans les sports de contact. Plus longue à récupérer.


Causes et facteurs de risque

Facteurs extrinsèques

  • Surfaces instables (herbe humide, terrains irréguliers).
  • Chaussures inadaptées (manque de maintien latéral).
  • Contact direct avec un adversaire.

Facteurs intrinsèques

  • Antécédents d’entorse (x3 risque de récidive).
  • Faiblesse musculaire des fibulaires (éverseurs).
  • Déficit proprioceptif.
  • Hyperlaxité ligamentaire.

Une méta-analyse (Doherty et al., 2014) confirme que l’historique d’entorse est le facteur de risque le plus important pour une nouvelle entorse.


Diagnostic et évaluation kinésithérapique

Symptômes typiques

  • Douleur immédiate, parfois avec craquement.
  • Œdème rapide et hématome.
  • Difficulté ou impossibilité à reprendre appui.

Examens cliniques

  • Test du tiroir antérieur : laxité antérieure (LTFA).
  • Test en varus forcé : atteinte LCF.
  • Palpation ligamentaire : douleur précise.

Examens complémentaires

  • Radiographie (exclure fracture → Ottawa Ankle Rules).
  • IRM pour entorses graves ou récidivantes.

Prise en charge kinésithérapique

Phase aiguë (J0 – J7)

Objectifs : réduire la douleur, contrôler l’œdème, préserver la mobilité.

  • Protocole POLICE (Protection, Optimal Loading, Ice, Compression, Elevation).
  • Éviter l’immobilisation stricte prolongée.
  • Mobilisation douce sans douleur.
  • Appui partiel avec attelle fonctionnelle si besoin.

Bleakley et al. (2010) : la mise en charge précoce associée à des exercices améliore la récupération et réduit les récidives.

Phase subaiguë (S1 – S3)

Objectifs : restaurer mobilité, force et proprioception.

  • Exercices actifs de mobilité (flexion/extension cheville).
  • Renforcement des fibulaires avec élastique.
  • Exercices de proprioception sur sol instable (coussin, Bosu).
  • Marche progressive puis course.

Phase avancée (S3 – S6)

Objectifs : retour progressif au sport.

  • Renforcement global (mollets, quadriceps, fessiers).
  • Pliométrie (sauts, bonds unipodaux).
  • Exercices spécifiques sport (changements direction, dribbles, sprints).

Prévention des récidives

Exercices validés scientifiquement

  • Équilibre unipodal sur surface instable.
  • Sauts avec réception contrôlée.
  • Travail de gainage du pied et de la cheville.

La prévention active réduit de 50 % le risque de récidive (Verhagen & Bay, 2010).

Orthèses et strapping

  • Attelles fonctionnelles efficaces en prévention secondaire.
  • Strapping utile lors du retour au sport.

Exemple de protocole pratique

Durée : 30 min – 3 à 4 fois/semaine

  1. Échauffement : marche rapide, corde à sauter légère (5 min).
  2. Renforcement : éversion avec élastique (3×15), montées sur pointes (3×20).
  3. Proprioception : équilibre unipodal sur coussin (3×30 s), saut/réception contrôlée.
  4. Pliométrie : bonds latéraux unipodaux (3×12).
  5. Retour sport spécifique : dribbles, courses avec changements de direction.

Conclusion

L’entorse de cheville chez le sportif est une blessure fréquente mais trop souvent négligée. La rééducation doit être active et progressive, intégrant mobilité, renforcement et proprioception. La prévention des récidives est primordiale et repose sur un programme régulier d’exercices spécifiques et un retour au sport bien contrôlé.


FAQ

Combien de temps dure la rééducation après une entorse de cheville ?
En moyenne 4 à 6 semaines pour une entorse bénigne à modérée, mais jusqu’à 3 mois pour une entorse grave.

Doit-on immobiliser la cheville après une entorse ?
Non, sauf fracture associée. La mobilisation précoce améliore la récupération.

Peut-on reprendre le sport rapidement ?
Seulement après validation des critères fonctionnels (sauts, course, proprioception sans douleur).