Les étirements après l’effort : utiles… mais pas pour les raisons qu’on croit
Par Kiné Sport Prévention | Article fondé sur les preuves | Mise à jour 2025
Sommaire
- Pourquoi faire des étirements après l’effort ?
- Le bon timing : tout de suite, 10 minutes après, ou plus tard ?
- Comment s’étirer en récupération (et éviter les erreurs)
- Ce que dit la science : courbatures, performance, blessures
- Construire une routine post-séance efficace
- Conclusion
- Références scientifiques
Pourquoi faire des étirements après l’effort ?
Les étirements après l’effort font partie des rituels de fin de séance les plus anciens. On les associe à la récupération, la prévention des courbatures et la détente musculaire. Pourtant, la science nuance ces effets.
Selon une revue Cochrane (Herbert et al., 2011), les étirements après effort n’ont pas d’impact significatif sur les douleurs musculaires retardées (DOMS). Ils contribuent toutefois à une meilleure perception de détente, à un retour au calme, et à la proprioception corporelle.
Les étirements ne « réparent » pas les muscles, mais ils apaisent le système nerveux et aident à refermer la séance.
Le bon timing : tout de suite, 10 minutes après, ou plus tard ?
Après un effort intense : attention au timing
Après un entraînement lourd (musculation, sprints, HIIT), le muscle est fragilisé. Des étirements trop précoces ou trop profonds risquent d’aggraver les microlésions et de ralentir la récupération de la force maximale (Mizuno et al., J Appl Physiol, 2014). Attendez 10 à 15 minutes avant d’introduire des étirements doux.
Après un effort modéré : un moment propice
Pour une course d’endurance légère ou une séance de vélo tranquille, les étirements doux favorisent le relâchement, la respiration et la détente neuromusculaire. Ils accompagnent la phase de retour au calme.
À distance de l’effort : idéal pour la souplesse
Pour travailler la mobilité ou la flexibilité, l’idéal est d’attendre 4 à 8 heures après la séance. Le muscle est alors réhydraté, moins inflammatoire, et la stimulation mécanique devient constructive plutôt que traumatisante.
Comment s’étirer en récupération (et éviter les erreurs)
En récupération, on cherche à faire baisser le tonus et à restaurer une sensation de longueur musculaire, sans chercher à « gagner en amplitude ».
- ✅ Étirements statiques doux, sans rebond.
- ✅ Durée : 20 à 30 secondes par posture, respiration lente.
- ✅ 2 à 3 répétitions par groupe musculaire.
- ❌ Pas d’étirement intense juste après un effort maximal.
- ❌ Pas de rebonds rapides ni de douleur recherchée.
Les étirements actifs (balancements contrôlés, oscillations légères) sont envisageables sur les muscles peu sollicités, à condition de rester progressif.
Ce que dit la science : courbatures, performance, blessures
Sur les courbatures (DOMS)
Les méta-analyses (Herbert, 2011 ; Afonso, 2021) confirment que les étirements n’ont pas d’effet significatif sur la réduction des courbatures. L’impact est jugé trop faible pour être cliniquement pertinent.
Sur la performance
Des étirements statiques longs peuvent réduire temporairement la force et la puissance. En récupération, ce n’est pas un problème, mais avant une compétition, mieux vaut privilégier les étirements dynamiques.
Sur la prévention des blessures
Les travaux de Lauersen (2014, Br J Sports Med) montrent que le renforcement musculaire prévient beaucoup plus efficacement les blessures que les étirements isolés. Ces derniers peuvent rester utiles dans un programme global de mobilité et de récupération.
Construire une routine post-séance efficace
- Retour au calme actif (3–4 min) : marche lente, respiration, hydratation.
- Étirements doux (5–6 min) : ischios, mollets, psoas, pectoraux.
- Auto-massages légers ou douche tiède pour optimiser la circulation.
Les étirements deviennent alors un moment de recentrage corporel, un passage symbolique entre effort et récupération.
Conclusion
Les étirements ne sont pas un outil magique de récupération musculaire, mais un temps de reconnexion et de détente. Leur efficacité physiologique est modeste, leur intérêt psychomoteur indéniable. Bien intégrés, ils complètent parfaitement le renforcement, le sommeil et la nutrition dans une approche santé globale.
Références scientifiques
- Herbert RD, de Noronha M, Kamper SJ. Stretching to prevent or reduce muscle soreness after exercise. Cochrane Review, 2011.
- Mizuno T. Stretching after eccentric exercise retards recovery of muscle strength. J Appl Physiol, 2014.
- Behm DG, Chaouachi A. Eur J Appl Physiol, 2011 – Effets aigus du stretching sur la performance.
- Afonso J. Front Physiol, 2021 – Meta-analyse sur l’efficacité des étirements post-exercice.
- Lauersen JB. Br J Sports Med, 2014 – Revue sur la prévention des blessures par l’exercice.