Introduction
La tendinopathie rotulienne, également appelée « genou du sauteur », est une pathologie très fréquente chez les sportifs pratiquant des disciplines sollicitant fortement le quadriceps : basketball, volleyball, handball, football ou encore l’athlétisme. Elle se manifeste par une douleur localisée à la face antérieure du genou, juste en dessous de la rotule, et peut devenir chronique si elle n’est pas prise en charge correctement.
Les études estiment que la prévalence de la tendinopathie rotulienne varie entre 14 % et 45 % selon les sports et les niveaux de pratique (Lian et al., 2005). En kinésithérapie, la gestion repose sur l’éducation, la modulation de charge, le renforcement spécifique et les techniques complémentaires validées scientifiquement.
Comprendre la tendinopathie rotulienne
Facteurs de risque
- Sauts répétés et réceptions traumatisantes.
- Augmentation brutale du volume d’entraînement.
- Faiblesse ou déséquilibre du quadriceps et des fessiers.
- Mauvaise technique de course ou de saut.
- Raideur des ischios, quadriceps ou triceps sural.
Une étude de Cook et Purdam (2009) a décrit la tendinopathie comme une réponse inadaptée du tendon à une surcharge chronique, caractérisée par des modifications structurelles du collagène et une néovascularisation.
Biomécanique
Le tendon rotulien agit comme une structure de transmission de force entre le quadriceps et la jambe. Lors des sauts, il subit des contraintes élevées pouvant atteindre plusieurs fois le poids du corps.
Évaluation clinique
Anamnèse et bilan kiné
- Douleur antérieure du genou, augmentée par les sauts et la course.
- Palpation douloureuse de la pointe de la rotule.
- Tests fonctionnels : saut unipodal, squat unipodal, test de saut en contre-mouvement.
L’échelle VISA-P (Victorian Institute of Sport Assessment for Patellar Tendinopathy) est validée pour quantifier la sévérité et le suivi des tendinopathies rotuliennes (Visentini et al., 1998).
Prévention et prise en charge
Gestion de la charge
La première étape consiste à réduire la charge mécanique sans arrêt complet du sport. La modulation doit être adaptée en fonction de la douleur et de la récupération.
Exercices thérapeutiques validés
Les exercices excentriques et isométriques sont la base du traitement :
- Excentrique décliné (squat sur plan incliné à 25°).
- Isométriques du quadriceps (maintien de squat à 60° de flexion).
- Renforcement global : fessiers, tronc, mollets.
Étude de Rio et al. (2015) : les contractions isométriques prolongées du quadriceps réduisent la douleur et améliorent la fonction de manière immédiate.
Techniques complémentaires
- Thérapie manuelle pour corriger les déséquilibres.
- Étirements ciblés quadriceps/ischios/psoas.
- Ondes de choc extracorporelles (evidence modérée).
- Éducation du sportif sur la gestion des charges.
Exemple de protocole pratique
Durée : 30 min – 3 à 4 fois/semaine
- Échauffement : vélo 5 min + mobilité hanche/genou.
- Exercices isométriques : squat mural 5×45 s.
- Exercices excentriques : squat décliné 3×15.
- Renforcement complémentaire : fessiers (hip thrust), mollets (élévations unipodales).
- Étirements : quadriceps, ischios, triceps sural.
Conclusion
La tendinopathie rotulienne est une pathologie fréquente mais évitable. La prévention repose sur la gestion de charge, le renforcement spécifique et l’éducation. En kinésithérapie, une prise en charge active, progressive et multimodale est la clé pour éviter la chronicisation et favoriser le retour au sport.